Do Yunnan...

Publié le par David

Un titre explicite, non pas comme une interrogation mais bel et bien comme une affirmation. Comme un résumé aussi, un condensé de cette semaine indescriptible que nous venons de passer avec l'ami Manouille dans le Yunnan, cette province chinoise située au Sud-Est de la Chine et frontalière du Vietnam, du Laos et de la Birmanie.

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Indescriptible donc, mais je vais quand même m'essayer à l'exercice, on ne sait jamais...
 
Episode 1 : Shanghai – Kunming, ou comment oublier qu'on a passé le Nouvel An dans le taxi...

« No Dinner ! ». Voilà en tout et pour tout la seule réponse à laquelle nos estomacs ont droit lorsque, affamés, nous nous enquérons de savoir si nous aurons droit à un repas dans l'avion au départ de Shanghai ce lundi 31 décembre 2007 à 20h. Les vacances s'annoncent mal...Ni une ni deux j'achète un bol de noodles façon « Bolino », je préfère assurer mes arrières. C'est sans compter sur la fiabilité légendaire de l'information chinoise, puisque nous arrivons à Kunming comme prévu après 2h45 de vol, mais avec 2 plateaux repas chacun en plus dans le ventre. Les vacances peuvent commencer...
A peine le temps de fêter les 12 coups de minuit dans le taxi, nous nous couchons dès notre arrivée à l'hôtel, épuisés et surtout impatients de ce qui nous attend le lendemain, en 2008...

Une année qui commence de la plus belle des manières pour moi grâce à quelques vœux téléphoniques pugétois, terminés en fanfare dans le taxi qui nous conduit aux Monts de l'Ouest, collines qui sont à Kunming ce que la Bastille est à Grenoble. A l'échelle de la Chine par contre, puisque la petite bourgade capitale du Yunnan compte près de 7 millions d'habitants, une broutille.  Bref de quoi crapahuter et se perdre durant plusieurs jours. Ce que nous ne manquons pas de faire d'ailleurs, puisque nous ratons magnifiquement dès le premier jour notre bus pour Dali. Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle, tant les Monts de l'Ouest sont agréables.

 
Une petite promenade au milieu des collines embrumées surplombant le majestueux Lac de l'Ouest, habillées de conifères sombres, de feuillus grelottant et de palmiers égarés, comme un vrai bol d'air pur pour moi, la première sensation de côtoyer les éléments depuis déjà…trop longtemps. Un parfum magique dans une ambiance de contes pour enfants, on s'attend à tout moment à voir surgir un dragon de la brume...  

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Mais le caractère familial et prisé de la balade nous ramène régulièrement à la réalité : nous sommes en Chine, ces montagnes vivent. Nous n'en apprécions que mieux les temples qui s'offrent à nous au sommet, se jetant dans l'à-pic des falaises et dans l'opacité de la brume. Comment les moines taoïstes ont-ils construit ces temples et cette magnifique Porte du Dragon en un endroit aussi hostile, telle est la question...

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C'est la tête pleine et les pieds fourbus qu'après notre déjeuner, fait de « nouilles qui traversent le pont » (la spécialité locale, un pot au feu succulent), nous redescendons pour prendre notre bus, le dernier de la journée vers Dali, pour une sieste routière bien méritée...

 

Episode 2 : Kunming – Dali, où comment déjà oublier Shanghai...

 

Bon pour la sieste on repassera : le bus VIP qui nous transporte (encore un !) est un peu trop 100% VIP justement, fauteuils en cuir qui glissent et télé géante volume à fond, bref impossible de dormir. Du coup mon Qiu Xiaolong prend une sacré claque.

 

Pour la suite, je ne saurais dire si ce que j'ai préféré est la nuit magnifiquement reposante dans une guesthouse « tibétaine » de Dali, la surprise du réveil sous un grand ciel bleu ou encore le petit dej' herculéen sur la terrasse au beau milieu des palmiers et des fleurs, la ganache au soleil et avec une vue imprenable sur les montagnes alentours...

 

C'est donc le ventre plein que nous partons de l'auberge direction le centre ville, avec la ferme intention de trouver des vélos à louer au plus vite pour aller faire un tour dans les rizières, et ainsi de ne pas nous attarder dans cette ville réputée pour être une de ces villes-musées pour touristes que j'affectionne tant. Trente secondes et quinze mètres plus loin nous voici arrivés près des remparts de la ville qui, sans surprise, sont envahis de touristes chinois accompagnés de guides déguisés en Naxi (la minorité locale) et vociférant dans leurs mégaphones afin de surpasser le volume de leurs innombrables homologues situés dans les quelques metres à la ronde.

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Cependant une fois les remparts passés, c'est avec surprise que nous découvrons une ville principalement piétonne certes très touristique, mais paisible et reposante sous un tel soleil matinal réchauffant, surtout lorsque nous nous éloignons des rues principales pour serpenter dans de petits passages aux mille trésors cachés...
C'est donc de manière inattendue que nous passons près de 4 heures entre les remparts, trop inoccupés que nous sommes à nous perdre dans les ruelles, à lire ou à faire la sieste au soleil. Il faut bien le reconnaitre, il fait bon vivre à Dali...

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Nous devons donc presque nous faire violence pour enfourcher nos magnifiques bicyclettes et nous diriger vers les rizières et le « Lac en forme d’oreille » (c'est son nom) voisins. Mais nous ne tardons pas à apprécier notre effort surhumain tant le paysage qui s'offre rapidement à nous est grandiose : à perte de vue, sous le soleil, au pied des montagnes, ce sont des rizières à peine embrumées, d'un vert silencieux et apaisant, et offrant aux agriculteurs qui s'y affèrent une si magnifique source de vie.

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Mais les caprices du soleil nous ramènent vite à la réalité, et nous rentrons à l'auberge à la nuit tombante, muni en ce qui me concerne de la première insolation de ma vie. Nous n'avions pas prévu un tel temps, et les 5°C de Shanghai sont déjà bien loin...

 

Le lendemain deuxième réveil en plein soleil, que du bon. Cette fois-ci nous ne nous attardons cependant pas à l'auberge et partons en direction de la montagne voisine, la Cang Shan, afin de crapahuter jusque au temple situé sur les coteaux. En route nous passons par la Pagode Blanche postée au pied des montagnes afin de la visiter, mais les 120 RMB de l'entrée (soit 12€, du jamais vu ici !) nous en dissuadent et nous rappellent que Dali demeure un lieu très prisé. Nous montons donc directement vers le temple, où un panorama magnifique sur le Lac en forme d'oreille, sur les rizières et sur Dali nous attend. C'est accompagnés de Maria Victoria, une jeune voyageuse italienne fort sympathique, que nous arpentons le chemin longeant le coteau, parfaitement plat et long de 22km en tout. Partis du temple pour une petite heure de balade seulement compte tenu du bus que nous devons prendre pour notre étape suivant Lijiang, c'est finalement durant presque 3 heures que nous dorons au soleil, à échanger des expériences de voyageurs et à refaire le monde, une fois de plus...Et une fois de plus, nous ratons consciencieusement notre bus vers Lijiang et ne prenons finalement que le dernier...   

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Episode 3 : Dali – Lijiang, où comment oublier Lijiang au plus vite...

 

A notre arrivée à la gare routière de Lijiang, c'est une marée de taxis qui attend notre modeste bus. Peu de doutes, nous sommes bel et bien arrivés dans cet endroit redouté, cette ville pour tourites devant l'éternel que nous ont décrit les divers guides ainsi que le Coissou...Nous indiquons au chauffeur l'hôtel où nous souhaitons nous rendre ; sourires ; discussions avec ses collègues ; rires ; éclats de rires ; refus de nous expliquer pourquoi. Nous montons quand même, pressentant le coup fourré, hésitant principalement entre l'option « maison close » et l'option « maison close, définitivement ». Mêmes réactions rigolardes lorsque, perdus dans la ville après que le taxi nous a déposés n'importe où, nous demandons notre chemin aux commerçants. Finalement c'est bel et bien un hôtel fermé que nous trouvons face à nous, épuisés, et déjà pressés de repartir de cette ville puante. Pas de problème pour cela, le départ vers Qiaotou et les Gorges du Saut du Tigre est prévu le lendemain à l'aube...

 

Episode 4 : Lijiang – Qiaotou, où comment oublier son sac à dos dans le bus...

 

Après une nuit trop courte, nous retraversons la vieille ville piétonne dans l'autre sens en direction de la gare routière. Mais c'est une toute autre sensation qui nous envahit : ruelles désertes, fraicheur matinale, et lever de soleil imprenable sur les montagnes alentours et leurs neiges éternelles culminant à 5600m, ces montagnes desquelles nous ne sommes plus séparés désormais que de quelques petits kilomètres, de quelques petites heures, de quelques courtes minutes...

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Nous voici déjà arrivés à Qiaotou, point de départ de la randonnée des Gorges du Saut du Tigre que nous avons prévu de dompter durant deux jours. Le chauffeur du bus ne s'y sent manifestement pas à l'aise, puisque c'est sans me laisser l'occasion de prendre mon sac dans la soute qu'il redémarre en trombe après nous avoir déposés. Le sentiment qui m'envahit à ce moment là est quelque chose d'indéfini oscillant entre le désespoir, l'énervement et surtout la réjouissance de vivre une situation aussi cocasse, tout particulièrement lorsque je me mets à courir derrière le bus en agitant les bras dans tous les sens sous les cris des autochtones amusés. Je sais pertinemment que cette course est inutile et que d'une manière ou d'une autre j'aurais vite fait de récupérer mon bagage, mais c'est tellement drôle que je joue le jeu de manière quasi inconsciente avant de monter, plié de rire, dans un taxi qui rattrape rapidement le fugitif.

 

Episode 5 : Qiaotou – Daju, où comment tout oublier…

 

C'est donc armés de nos sacs à dos, la mine réjouie par une journée commencée de manière si drôle et sous un soleil radieux que nous nous élançons et nous élevons dans la gueule de ces gorges, dont la magie nous saisit déjà. Aucun doute, cette randonnée entre Qiaotou et Daju sera un régal.

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Les paysages qui s'offrent rapidement à nous le confirment rapidement, et ce ne sont pas les fameux 28 raidillons initiaux qui nous gâcheront notre plaisir, bien au contraire. 

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Le soleil tape fort, mais nous nous délectons de cette vue imprenable sur le fleuve Yangtze ; c'est difficile à croire, mais c'est bel et bien ce même fleuve qui coule au Nord de Shanghai, quelques 5000km en aval...Ce sera le seul moment du séjour où je penserai un quart de seconde à mon boulot, en me disant qu’il a de beaux jours devant lui et surtout du pain sur la planche.

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Les quelques 5 heures que dure ce premier jour de marche sont agrémentées de discussions diverses et variées avec d'éphémères compagnons de route, en fait les seuls ayant pris comme nous le départ de la randonnée ce matin là, en tout et pour tout 3 Français, 3 Canadiens, 2 Israéliens et 2 Anglais, que nous doublons et redoublons au fil de nos pauses et poses respectives. Cette journée de montée à flanc de coteaux, dans ces gorges abruptes, entre ces deux massifs majestueux pointant à 5600m, est à couper le souffle. Nos pieds transis ne se font sentir que lors de notre arrivée au refuge, lorsqu'une bonne douche chaude les rappelle à l'ordre avant une bière et un repas bien mérités. A 20h30 tout le monde s'endort déjà, « pressé d'être demain »…

 

Le deuxième jour s'annonce plus tranquille, puisqu'il s'agit uniquement de redescendre jusqu'au Yangtze, de le traverser puis de remonter vers Daju. Six heures de marche au programme tout de même, nous partons de l'auberge aux aurores à 10 heures, après un copieux petit déjeuner. La suite n'est une fois de plus que pur régal, entre cascades, à-pic saisissants et petits villages perchés, je laisserai ici les photos faire leur travail...Manouille ne vous livrera sans doute pas le même commentaire, puisque c'est au pas de course qu'il parcours cette deuxième étape, trop sujet qu'il est au vertige et donc quasiment pris de malaises. Nous nous retrouvons pour manger, ainsi que pour l'obligatoire traversée du Yangtze en bateau, trois minutes de pur bonheur et presque un vertige à l'envers tant ces montagnes, ces deux murs situés de part et d'autre, nous semblent hauts. 

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C'est donc comme un simple museau de pékinois que nous avalons la dernière montée vers Daju. Ayant bien entendu volontairement raté le dernier bus de la journée, nous nous mettons immédiatement en quête d'un transport pour nous ramener vers Lijiang, où notre avion nous attend le lendemain matin. Pas évident, dans un bourg aux allures de village fantôme où le temps semble s'être arrêté d'epuisement après une bonne randonnée. Après deux heures de recherche à taper aux portes des maisons, nous parvenons finalement à trouver un van pour nous conduire. Comme on s'en doutait, avec un peu d'argent, il y a toujours moyen de s'arranger.

 

Episode 6 : Daju – Lijiang, où comment oublier ses courbatures…

 

Autant le dire tout de suite, nous arrivons à Lijiang extenués et avec la ferme intention de nous coucher au plus vite. Un restaurant tibétain plus loin, nous voici dans les bras de Morphée. Nous nous levons avec la ferme intention de profiter de Lijiang à son réveil une petite heure avant de partir vers l'aéroport. Pour le cinquième jour consécutif, nous bénéficions d'un grand ciel bleu immaculé. Nous passons quelques bons moments sur les hauteurs non touristiques de la ville, à admirer les toits d'ardoise. 

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Nous restons ainsi à l'écart de l'agitation commerciale du centre, où l'architecture des vieilles bâtisses en bois archi-sur-rénovées tient plus du Parc Astérix que du village naxi.

Des rues principales où se pressent les touristes chinois et coréens, donnant lieu à des scènes cocasses comme sur cette place où sont réunis d'une part un faux orchestre naxi façon joueurs de flute de pan péruviens dans les rues de Paris, et d'autre part un cavalier déguisé en Davy Crockett et monnayant la moindre photo à ses côtés, façon La Mer de Sable d'Ermenonville.

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Episode 7 : Lijiang – Kunming – Shanghai, où comment oublier les joies de l’aviation chinoise...

 

Nous prenons donc notre taxi vers l'aéroport de Lijiang, d'où l'avion doit nous conduire à Kunming, avant un dernier vol pour Shanghai. La suite n'est faite que de l'attente d'un avion forcément en retard, d'une course effrénée à l'arrivée à l'aéroport de Kunming pour tout de même tenter d'avoir notre transfert en comptant sur un deuxième avion que nous espérons forcément en retard lui aussi, de la déception de trouver ce deuxième avion evidemment parti à l'heure, de l'attente de l'avion suivant  et d'un trajet final vers Shanghai reposant, enfin.

 

Une semaine qui se devait bien entendu d'être achevée, à peine bagages posés, par un dernier effort : me traîner jusqu'à mon salon de massage préféré ! Là mes pensées divaguent, entre l'émerveillement dû à cette tête pleine de souvenirs de six jours extraordinaires, et le désespoir d'être rentré, déjà. La seule question qui vaille alors : à quand la prochaine ?...

 

Après un tel effort de lecture vos yeux ont bien mérité une petite évasion, alors vous pouvez aller leur faire plaisir sur l'album photos...

Et si vous n'en avez pas eu assez et que voulez un autre point de vue sur cette semaine fabuleuse, d'autres instants choisis, d'autres photos, d'autres anecdotes croustillantes et surtout les explications culturelles, n'hésitez pas à aller jeter un œil sur le blog de Manouille (manulostinshanghai.blogspot.com).

 

Et surtout n'oubliez pas, Do Yunnan…

 

Publié dans Escapades...

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C
salut cousin !<br /> alors tu es devenu un shanghai man !<br /> après 14 ans, tu n'as pas changer !<br /> bravo pour ta vocation !<br /> j'espère te voir en mai !
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V
Et ben !!!<br /> Et sinon, a part rater des bus, manger des nouilles, discuter et taper des ptites siestes, vous avez marche un peu ? ;-)...<br /> Du tres tres bon ce ptit racontage de vacances !!
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D
Et plutot 2 fois qu'une !
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D
J'ai l'impression qu'over-blog est de nouveau censure depuis la chine, je n'arrive plus a avoir acces a ton site sans passer par www.anonymouse.org...<br /> Sympas tes photos, je t' invite a voir la video bien ficellee de France2 qui passait par la:<br /> http://blog.france2.fr/pascal-golomer/index.php/2007/08/06/58845-tourisme-chinois
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D
J'ai l'impression qu'over-blog est de nouveau censure depuis la chine, je n'arrive plus a avoir acces a ton site sans passer par www.anonymouse.org...<br /> Sympas tes photos, je t' invite a voir la video bien ficellee de France2 qui passait par la:<br /> http://blog.france2.fr/pascal-golomer/index.php/2007/08/06/58845-tourisme-chinois
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